De même, Rodney Hill affirme que « ce conte de fées classique de Charles Perrault (1628-1703) fascinait Jacques Demy depuis la petite enfance et il eut envie d’en faire un film dès son adolescence à Nantes3 ». 84 Sima Godfrey, « The Dandy as Ironic Figure », SubStance, no 36, 1982, p. 21-33. 31 Rousseau décrit ainsi les êtres humains antérieurs à la culture ou « sauvages » : « Il y avait des familles, mais il n’y avait point de nations ; il y avait des langues domestiques, mais il n’y avait point de langues populaires ; il y avait des mariages, mais il n’y avait point d’amour. Il faut pourtant souligner l’aspect problématique et choquant d’une telle position pour deux raisons au moins. 58 Charles Perrault, « Peau d’âne », op. Par exemple, la princesse qui habite le château bleu de la fin du Moyen Âge s’habille selon les conventions du XVIIIe siècle, alors que le château rouge de la Renaissance abrite un prince vêtu à la mode du XVIe siècle54. De façon très semblable à la chambre de la Belle au château de la Bête, dans le film de Cocteau, celle de la princesse est recouverte de rosiers grimpants comme si la nature s’appropriait l’espace, et la figure d’un cerf se tient près de son lit. 38 Pour un bref panorama de la contribution d’Hocquenghem à une nouvelle approche du désir homosexuel, voir Tim Dean et Christopher Lane, « Homosexuality and Psychoanalysis : An Introduction », dans T. Dean et C. Lane, Homosexuality and Psychoanalysis, Chicago, University of Chicago Press, 2001, p. 18-19. » La proximité entre les dialogues de la féerie et ceux du film, ainsi que le souci qu’ont la fée et la princesse pour leur image d’elles-mêmes, laissent penser que Demy connaissait la féerie. 71 J’ai montré ailleurs (voir Salonnières…, op. Pour reprendre les mots d’Eynat-Confino, le monstrueux est « la négation des oppositions en tant que telles41 ». C’est en souvenir de lui, de La Belle et la Bête que je voulais si fort Jean Marais28. Demy avait été « conseiller technique pour le film officiel du mariage de Grace Kelly et Rainier de Monaco56 », pour lequel – détail important – on employa des hélicoptères. Le père est puni pour son attention excessive et la fille doit porter une peau d’âne pendant un an et un jour afin d’expier sa vanité. Moyen de transport réaliste, l’hélicoptère semble ironiquement plus étrange dans ce film-conte de fées que ne le serait un carrosse volant imaginaire. 76 Oscar Wilde, « Formules et maximes à l’usage des jeunes gens », op. En outre, son recours aux miroirs fait clairement référence au cinéma de Jean Cocteau qui, dans presque tous ses films, établit une équivalence entre « les miroirs, le narcissisme et l’homosexualité78 ». 83 La fée désire le roi et, par conséquent, agit en rivale de la princesse. Cette scène fait penser au film d’Albert Capellani dans lequel Peau d’âne se regarde dans l’eau d’un étang tandis qu’elle garde des moutons, ainsi qu’à l’Orphée de Cocteau où le personnage joué par Jean Marais regarde de manière semblable son reflet dans une grande flaque. La princesse finit par exiger la peau de l’âne qui produit des pièces d’or – importante source de richesse du royaume – et le roi exauce son vœu déraisonnable. Découvrez plus de 56 millions de titres, créez et écoutez vos propres playlists et partagez vos titres préférés avec vos amis. 10À partir de l’œuvre de Susan Sontag, Jack Babuscio a forgé une définition du camp que je reprends ici comme cadre général pour réfléchir à l’esthétisme gay. Vérifiez si votre institution a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books. %����
Bien que ces aéronefs n’aient pas servi à transporter le couple princier, Demy a pu s’inspirer de l’expérience de ce tournage pour concevoir le mariage du roi et de la fée des Lilas dans son film de fiction. 7En 1781, une version en prose du conte est publiée et attribuée à Perrault. 20, no 2, 2005, p. 167. (N.D.T.). 60 Voir M. Thomas Inge, art. "Amour, amour, je t'aime tant, je t'aime tant..." il y a 3979 jours par Alice In Oliver | Cinéma et Télévision ... Peau d'Âne est un plus petit spectacle... une session Peau d'Âne, je les connait toutes par cœur!) 48Même s’il s’inspire de la féerie, Demy atténue la gravité de l’inceste présente chez Perrault en soulignant la frivolité de la fée des Lilas qui refuse d’écouter la princesse tant qu’elle n’a pas fini de se préparer. 35 Daniel Fischlin, « Queer Margins : Cocteau, La Belle et la Bête, and the Jewish Differend », Textual Practice, vol. Bloqué par ce mur invisible, le prince est contraint d’escalader un appentis pour contempler la princesse depuis une certaine fenêtre qui ne lui donne qu’un point de vue limité puisque la jeune femme lui tourne le dos. Bien entendu, la princesse de Demy est habillée en princesse, vêtue d’une belle robe de taffetas bleu qui tranche nettement avec la forêt à travers laquelle elle se précipite. De même que l’esthétique camp bouleverse les dichotomies telles que nature/culture, féminin/masculin, animal/humain, le regard camp déstabilise l’opposition entre sujet et objet, soi et autrui : le sujet se fait spectacle tout en se désirant et en désirant l’Autre. 55 Sur cette ressemblance, voir ibid., p. 247. Et, comme la princesse de Peau d’âne, Marie-Antoinette incarne le lieu de convergence du narcissisme, du voyeurisme et de l’exhibitionnisme : tandis qu’elle contemple son image, le comte Fersen parcourt ses appartements du regard. 8L’adaptation cinématographique dans laquelle Demy revisite « Peau d’âne » incorpore de nombreuses références intertextuelles qui déstabilisent le conte, lui-même dérangeant, de Perrault. 56 Camille Taboulay, op. 17D’autre part, la présence de Jean Marais fonctionne comme une référence intertextuelle à une célébrité homosexuelle, de même que la présence de George Chakiris et de Grover Dale dans Les Demoiselles de Rochefort, mentionnée au chapitre i. Acteur gay, Marais incarne un homme amoureux d’une femme qui se trouve être sa fille. Si Marie-Catherine d’Aulnoy s’intéresse au miroir, c’est pour son statut d’article de luxe à la mode, d’accessoire dans la construction de l’identité individuelle et dans sa fonction de glorification de la beauté superficielle, extérieure et puissante des femmes et des hommes de l’aristocratie mondaine. 15La précarité de la prohibition de l’inceste est mise en évidence dans la scène où la princesse, après avoir appris les intentions de son père, va voir sa marraine, la fée des Lilas (Delphine Seyrig) dans sa demeure forestière, autre lieu où nature et culture, humain et animal, se mélangent et coexistent27. 81 Pour sa part, Baudelaire considère la femme comme l’opposé du dandy : « La femme est le Contraire du Dandy. Les laitières auront les joues roses. De 1901 à 1950, le conte figure dans au moins trente-six recueils et il est réimprimé neuf fois individuellement. De ce point de vue, la photographie du film devient un point de contact sensuel entre Cocteau et son amant, une manière de construire leur relation queer selon un code visuel animé par la passion du regard de l’amant. […] On devenait mari et femme sans avoir cessé d’être frère et sœur » (Jean-Jacques Rousseau, Essai sur l’origine des langues, Paris, Le Graphe, 1967, p. 525-526). Wayne Andersen remarque que « [Sigmund] Freud a réuni un certain nombre de contes populaires dans lesquels argent et matières fécales sont équivalents » (W. V. Andersen, Freud, Leonardo da Vinci, and the Vulture’s Tail : A Refreshing Look at Lenardo’s Sexuality, New York, Other Press, 2001, p. 163). À propos des stars du cinéma Babuscio écrit : « [Le camp] est davantage une manière de se moquer de toute la cosmologie des rôles sexuels restrictifs et des identifications sexuelles dont se sert notre société pour opprimer ses femmes et réprimer ses hommes, y compris celles et ceux de l’écran13. […] La femme est naturelle, c’est à dire [sic] abominable » (ibid.). Peau d’âneest un véritable enchantement, porté par la musique et les chansons de Michel Legrand. Cette scène mêle scatologique et signes de richesse, fonctions basses et hautes, déchet et gain. /Donc elle doit faire horreur. Parmi tous les portraits de princesses à marier que lui ramenèrent ses messagers, un seul retint son attention : celui de sa propre fille. Dans une scène antérieure de Peau d’âne, la princesse exprime son intention de rencontrer le prince et c’est son désir de le voir qui la conduit à maîtriser le point de vue que l’homme aura sur elle. La nature merveilleuse du lieu est illustrée dans cet échange : Marie-Antoinette : Les tas de fumier ! Jacques Barchilon, éd. L'histoire est encadrée de deux fugues, l’une en ouverture, l’autre en clôture. 49Dans la scène suivante, Peau d’âne s’enfuit dans la forêt et, telle Narcisse, contemple son reflet à la surface d’un étang. 44On ne trouve aucune de ces références dans le conte original de Perrault, ni dans la versions apocryphe ultérieure. 9 La plupart des versions s’inspire du conte en prose apocryphe de 1781. Sur Cocteau dandy, voir Andrea Fontenot, « The Dandy Diva », Camera Obscura, vol. Il est impossible de parler du spectacle et des miroirs sans se pencher sur les différentes fonctions du regard. On ne se lasse pas de revoir la robe couleur du temps de Deneuve et de découvrir la recette du cake d’amour. Qu’il s’agisse de la Peau d’âne ostracisée qui embellit sa modeste demeure ou de Marie-Antoinette s’inventant un monde imaginaire au Petit Trianon pour échapper aux contraintes de la cour, les films-contes de fées de Jacques Demy mettent effectivement en scène une transcendance de cet ordre. Dans un entretien avec Bernard Bastide, Agnès Varda souligne à quel point le cinéaste aimait ce film et qu’adulte, « il n’a eu de cesse de se procurer des copies 16 mm de ces titres en dessin animé de Walt Disney, que nous regardions à Noirmoutier, lui surtout » (voir Bernard Bastide, « Plus que les contes… », art. Commentant Peau d’âne, Demy déclare que le château bleu du père de la princesse – la forteresse du XVe siècle du Plessis-Bourré – représente l’Ancien Régime et les tendances conservatrices, tandis que le château rouge du prince – l’élégant château de Chambord de la Renaissance – symbolise quelque chose de plus « révolutionnaire21 ». 87 Sur la problématique du narcissisme comme trope queer et le rapport de ce concept avec la psychanalyse, voir Steven Bruhm, Reflecting Narcissus, op. En faisant désirer son père par la princesse, on pourrait dire que Demy rend le roi encore moins coupable que dans ces versions antérieures. Les filles sont bien. 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